La chronique des Bridgerton : rififi chez les précieuses

 Nouvelle série signée Netflix parut fin décembre, "La chronique des bridgerton" a été une petite bombe dans le monde fermé des œuvres historique tant par son cast singulier que par les sujets abordés. 

Après avoir déchainé quelques passions revenons à froid sur cette série signé Shonda Rhimes (Grey's Anatomy, Murder) dont la deuxième saison a déjà été annoncé.

Affiche promotionnelle du couple principale / Netflix

Une approche historique surprenante mais justifier 

     Fidèle à la série de romans du même nom écrit par Julia Quinn au début des années 2000, "La chronique des Bridgerton" se déroulent durant la période de la régence anglaise (1811-1820, certains la pousse jusqu'à la montée sur le trône de la Reine Victoria en 1837), une époque à la fois faste pour l'aristocratie mais aussi incertaine du fait du contexte international.

Là où Netflix prend par contre ses aises avec le support original - mais également avec l'histoire, ce que n'aura pas manqué de relever ... quasiment tout le monde - se trouve dans le casting de la série. 

Ainsi, la reine Charlotte, le duc de Hasting et bien d'autre sont incarné par des acteurs noirs en contradiction évidente avec l'histoire telle qu'on la conçoit. Il suffit d'ailleurs d'aller voir les réactions sur allociné pour se rendre compte du ramdam qu'a provoqué cette liberté. Certains crient au scandale, d'autre arrêtant la série sous prétexte qu'on ne badine pas avec l'Histoire - et oubliant surement que la société européenne de cette époque était déjà multiraciale.

Et pour ceux qui s'attendent à ce que je défende cette liberté, je ne le ferais pas ... car la série s'en charge elle-même. 

Dès l'épisode 4, un personnage de la série nous révèle que la raison pour laquelle la couleur est de mise dans leur société londonienne est que le roi George III à fait d'une femme noir sa reine. De ce mariage a alors découlé une incorporation de ces personnes dans toutes les strates de la société anglaise, noblesse comprise.

La reine, ses dames de compagnie et son intendant / Netflix

     D'ailleurs, si ce choix peut paraitre saugrenue au premier abord, les origines de la véritable reine Charlotte sont bel et bien soumise à débat depuis qu'un certain Mario de Valdes y Cocom affirma qu'elle descendait d'un membre de la famille royale portugaise et d'une amante noire. 

Ainsi, Netflix choisit de ne pas placer a série au sein de l'histoire connu mais au plutôt dans une nouvelle temporalité, une réalité alternative où la théorie évoquée est véridique et connu de tous. De quoi faire, donc, taire tout les médisants qui ont lâché la série à la première originalité venue. 

 Une histoire d'aristocrate

     Au cours des 8 épisodes que compte la première saison de cette série nous suivront principalement les tribulations de la famille Bridgerton, de leurs amis, connaissance et, même, rivales lors de la saison des bals et des rencontres. Ici, l'objectif est clair pour les jeunes filles en âge de se marier et leur famille : mettre la main sur le mari idéal et faire un mariage au pire convenable, au mieux grandiose. Et pour ça, tout les coups sont permis : mauvaises langues et coups bas seront de la partie, tenait le vous pour dit.

     Au milieu de tout ce tumulte, de ces jeunes filles essayant de se vendre le mieux possible et d'une reine et quête perpétuelle d'amusement, se trouve la mystérieuse Lady Whistledown. Une aristocrate à l'identité inconnue qui se fait un malin plaisir à commenter les haut et les bas - surtout les bas - de ces bien-né vaniteux 

Essayant de tirer son épingle du jeu nous retrouvons donc Daphné, fille ainée de la famille Bridgerton. Une jeune demoiselle qui participe à sa première saison mondaine et qui arrive à attiré l'attention de la reine des anglais mais aussi celle de la reine des potins. Hélas, son heure de gloire se termine bien vite et c'est au comble du désespoir dans sa recherche du mari parfais qu'elle va rencontrer le second personnage principal de la série : Simon de Hasting, séducteur de ces demoiselles mais éternel célibataire 

Simon de Hasting, assumé beau-gosse / Netflix

     Le beau - bon, très beau - Duc est un des meilleurs amis du frère de Daphné, est, tout comme ce dernier, un bourreau des cœurs ainsi que le meilleur parti du pays. Si lui et Daphné s'entendent d'abord comme chiens et chats les choses vont commencer à changer dès lors qu'ils se trouveront un intérêt à s'allier.  

Appliquant la pensée selon laquelle on désire ce que l'on ne peut posséder, Daphné, qui n'intéressent plus aucun membre de la gent masculine, va donc pousser le Duc à jouer le rôle de soupirant dévoué afin d'attisé l'intérêt. Pour le Duc, ce rôle lui permettra enfin d'éviter toute ces mères de familles et jeunes filles en fleurs cherchant à lui mettre le grappin dessus. Enfin, la paix ! Evidemment, tout cela ne s'arrête pas là, Passant du temps ensemble, chacun se découvre, s'attire, se repoussent et se blessent. Bref, tout ce qu'il faut pour une bonne romance mélodramatique à souhait. 

     Viennent alors s'ajouter une multitude de personnages secondaire plus ou moins bien caractérisé avec leurs propres histoires. Anthony frère ainé de Daphné et Vicomte depuis la mort de son père - amoureux d'une belle cantatrice mais ne pouvant l'épouser à cause de la différence de statut social entre eux -, Eloïse, petite sœur de Daphné et jeune fille rêvant d'indépendance - au contraire de sa sœur, celle-ci rechigne à la vie mondaine et à l'injonction de se marier -, Marina Thomson, cousine de la famille Featherington - qui vit une histoire d'amour secrète et contrarier avec un soldat parti au front - et bien d'autre. 

Une intrigue et des personnages cliché 

     Ajouté à cela quelque problèmes d'argent, de carcan de beauté et de jalousie et vous obtenez une série aux multiples intrigues assez bien rattaché entres elle pour être intéressant mais pas assez pour que tout le cast s'en mêle. L'histoire se suit donc très bien - même en étant peu attentif - et chaque personnage est assez bien campé et différend pour être appréciable. 

     Cependant, c'est peut-être le plus gros problème de la série : pour que les personnages soient tous bien différents, chacun correspond à un archétype. Et si cela est tout à fait normal, il l'est moins qu'ils ne les dépassent jamais. 

     La sensation que les personnages sont unidimensionnelles, monocorde est omniprésente tout au long des 8 épisodes. Si certains de ces archétypes ne sont pas foncièrement inintéressant - Daphné dans le rôle de la jeune fille ingénue persuadé que le bonheur d'une femme se trouve dans le mariage (un choix osé pour un personnage principal) et Eloïse qui rêve d'émancipation, d'écriture et de reconnaissance pour ce qu'elle est dans une société où les femmes vivent à travers le statut des hommes - force est de constater qu'ils ne sont pas exploité autant que ce à quoi l'on pourrait attendre.

Eloïse Brigerton et Pénélope Featherigton devisant sur leur statut / Netflix 

     En conséquences, les personnages n'éprouve pas de remise en question, n'évoluent pas ou très peu et les suivre se révèle sans grand intérêt voir carrément difficile dans le cas de notre ingénue.  

     Enfin, l'univers décrit ne va lui non plus pas très loin tant par son aspect historique pure que par les clichés éculés utilisé pour mettre cette époque en scène. L'intrigue se passe durant la régence et si elle était bien une période de faste est d'excès c'est également l'époque suivant les guerres napoléoniennes - auxquels le Royaume-Uni à grandement pris part - et de la restauration de la monarchie en France après la révolution. Une révolution dont les idéaux affectent également le Royaume-Uni - et menace donc la hiérarchie sociale existante - couplé à des velléités sociales amenée par la révolution industrielle. Un contexte qui est donc extrêmement riche mais qui semble n'avoir prise sur aucun des personnages, qu'ils soient aristocrates ou prolétaires 

A cela s'ajoute un concept de pureté féminine inculqué aux jeunes filles presque risible tant elle est grossière. L'on pourra donc s'attendrir? devant notre jeune ingénu et ses sœurs ne sachant rien de l'amour charnel essayant ainsi d'en savoir davantage tandis que ces messieurs essayent de les préservé de ce grand mal. Bref, ce n'est pas très fin et plutôt mal exploité comme toute les autres facette de la série. 

     Ainsi, l'intrigue principale - hors du temps et de l'espace - est elle-même très classique. Elle ne débordera jamais de ce que l'on peut attendre d'une histoire romantique à cette époque et, une fois le passif des personnages connus, il n'est pas bien difficile de deviner comment se déroulera le reste de la série. Le suspens est quasi absent et ne subsiste que par cette chroniqueuse inconnue qui fait frémir la société. Et c'est bien la seule chose qu'elle fait frémir car, pour le spectateur qui regarde déjà tout ça de loin, sa présence ne lui fera que retroussé discrètement les lèvres, comme une blague vaguement comique.  

Et donc ? Faut la voir ou pas ? 

     Globalement, la série est très jolie, très lumineuse tout comme ses personnages. L'enrobage est donc très appréciable mais l'intérieur est finalement assez creux. Point de jugement hâtif cependant. Une deuxième saison a déjà été annoncé et l'on peut donc espérer que celle-ci réglera les nombreux problèmes de cette première saison, la profondeur des personnages en tête. 

     En somme, la série n'est pas mauvaise mais n'est pas très bonne non plus. Si vous êtes comme moi un marshmallow qui fond devant les histoires à l'eau de roses un peu mièvre alors vous passerai un agréable moment malgré tout ses défauts évident. Par contre, si vous chercher une histoire sérieuse aux enjeux poignant et aux personnages complexes alors je ne peux que vous encouragez à passer votre chemin car vous risqueriez fort de vous ennuyer