WandaVision : aimer Marvel sans le connaitre

En début d'année est sorti WandaVision sur la plateforme Disney+, une série qui inaugurait, à ce que j'ai cru comprendre, la phase 4 du Marvel Cinematic Univers (MCU). Pour ceux qui, comme moi, ne suive pas trop les films Marvel, on pourra alors se dire que, bon, il est peut-être trop tard pour prendre le train en marche. Mais, finalement, pas tant que ça. 

Le dernier film Marvel que j'ai vu date au bas mots date de 7 ans. Autant dire que je suis passé totalement à côté des films Avenger récent, me contentant de quelques résumés et critiques trouvé sur youtube. Et pourtant, cette connaissance très approximative du MCU fut plus que suffisante pour pouvoir apprécier WandaVision. La raison ? Les super-héros ne sont pas le sujet principal de la série. Ils ne servent que de contexte aux véritables enjeux lié nos personnages : le deuil et l'acceptation. 

Tout ce que vous aurez besoin de savoir se résume à ces lignes : Wanda, une Avenger secondaire,  ancienne ennemie et dont le frère est mort est en couple avec Vision, une sorte d'Intelligence Artificielle ayant développé des sentiments et une forme d'humanité. Ce dernier est cependant en possession d'un artéfact que Thanos, le grand méchant des deux derniers films Averger, désire. Il arrive, tue Vision devant Wanda puis repart tranquille afin d'effacer la moitié des créatures intelligentes de l'univers (Wanda faisant partie des victimes). 5 ans plus tard, il est vaincu et ceux qui avait été effacé reviennent. Voilà, la série commence quelque semaines plus tard. 

Et pourtant, dès les premières minutes de la série, on se retrouve devant une sitcom des années 50 en noir et blanc. On commence alors à suivre Wanda et Vision - encore une fois, celui-ci est normalement mort - et leur vie de jeunes marié dans la campagne profonde américaine. Le tout est accompagné de quelques sketchs typique des sitcoms de l'époque et, on va se l'avouer, pas toujours très drôle. 

Néanmoins, il est difficile de ne pas applaudir le travail des réalisateurs pour retranscrire toute les subtilités de ces émissions à travers les époques (si l'épisode 1 en présente une des années 50, l'épisode 2 sera dans les années 60 et ainsi de suite). Que ce soit au niveau du générique de début, des décors, des tenues et thèmes abordés, le soin apporté est bluffant et fera certainement plaisir à tous ceux qui ont pu en regarder dans leur enfance/adolescence. Cet élément ne sera d'ailleurs pas là par hazard mais je vous laisse la surprise.

Un début très atypique donc qui ne verra l'apparition de la couleur qu'à la fin de l'épisode 2, les premières réponses vers la fin du 3 pour qu'enfin? la grosse intrigue se dévoile au 4. 

Entre temps cependant, la série s'amusera à proposer des indices, des pistes, pour comprendre ce que l'on est en train de voir. L'équilibre entre la sitcom un peu ennuyeuse et les indices donnés - seul réel point d'intérêt pour qui n'est pas fan du premier élément - est assez vacillant lors du premier épisode mais devient rapidement meilleur jusqu'à ce que l'aspect sitcom ne soit plus le récit lui-même mais un pur outil au service de la narration.

Ce sera alors que la série démontrera tout son potentiel : au mystère de base se mêlera l'évolution des personnages qui, sortant de leurs archétypes de personnage de sitcom, vont gagner en personnalité, en profondeur. 

Si suivre Vision et ses doutes de plus en plus fort sur la réalité qui l'entoure sera appréciable, c'est bien Wanda qui sera la plus fascinante à découvrir. Passant tour à tour par le déni, la névrose, l'amour, la colère et bien plus encore, Wanda se révèlera être un personnage complexe, imparfaite, aux nombreuses fêlures. Ce portrait de femme abimé par la vie, qui tente comme elle peut, sans trop savoir comment faire, de préserver une vie de famille fantasmé, un bonheur factice, est brillant, bouleversant (merci la backstory) et démontre de manière splendide que Marvel sait faire autre chose que de l'action hollywoodienne débridé.  

La suivre, elle et son évolution, au cours de ces 9 épisodes est donc un pur plaisir. Néanmoins, cet instant de grâce est contrebalancé par un autre pan de l'histoire plus ... marvellien? Car, évidemment, que Wanda ce soit créer sa petite utopie personnelle en enfermant une ville dans une autre dimension ne passe pas inaperçue et, bientôt, les forces armées viennent tenter de mettre ce petit monde à mal. 

Mais heureusement, face à ces militaires assoiffé de pouvoir et de destruction un peu - beaucoup - cliché se tient fièrement Monica Rambeau, véritable second personnage principal de la série. Une jeune femme liée à une puissante organisation militaire, disparu puis réapparu après la défaite de Thanos, et qui, étant dans une situation similaire à Wanda, est bien décidé à l'aider. Elle paraitra peut-être un peu lisse, style héroïne aux nobles et inébranlables idéaux, mais sa construction est assez efficace pour la rendre appréciable. 

La fine équipe / Monica au centre

Finalement, là où la série pèche, ce ne sera que du côté de ses antagonistes. Le "méchant" militaire est très stéréotypé tandis que l'autre ennemie de Wanda, bien qu'extrêmement classe dans son histoire et ses atours, n'est pas forcément très simple à comprendre. Si son but devient clair, on a du mal à comprendre l'utilité de certaines de ses manigances ou de ses actions. Dommage. 

Alors ? On regarde ou pas ?

Si le premier épisode à de quoi déconcerté et remettre en doute notre envie de poursuivre la série, il serait cependant dommage de s'arrêter à cause de ça. Comme il serait dommage de passer à côté de cette histoire pour son manque de connaissance Marvel. 

Appréciable aussi bien en stand alone qu'en étant fan de l'univers, les petites références cachés, présentes à travers les épisodes, feront la joie des connaisseurs tandis que le non-initié n'aura pas l'impression de passer à côté de quelque chose (et si vous voulez les comprendre, allez voir les vidéo de Captain Popcorn sur Youtube, il a fait un super job). Appréciable 

Si elle à des défauts évidents, cette mini série de Marvel à bien plus de qualité. Que ce soit au niveau de l'esthétique, du traitement de la relation Wanda/Vision ou de sa réinterprétation des sitcoms américaine à travers les âges, l'œuvre fourmille d'idées aussi bonnes que bien mené. 

Une prise de risque payante pour Marvel qui attise enfin, après des années d'indifférences, mon intérêt et peut-être aussi le vôtre. Ne faisant que 9 épisodes d'une durée allant de 25 à 45 minutes, le temps que vous lui consacrerais sera assurément loin d'être vain.