Berserk of Glutonny tome 1 (Light-Novel)

 Ces derniers mois ont vu le marché du light-novel se diversifier de plus en plus par tant par l'accroissement de ses acteurs que par les titres proposés. L'un de ces nouveaux venu, Maho édition, continu ainsi d'étoffer son offre avec leur premier light-novel japonais : Berserk of Gluttony par Isshiki Ichika et illustrer par Fame

Œuvre ayant déjà une certaine renommée dans son pays, son histoire nous plonge dans un monde de fantaisie aux touches de RPG. S'il est habituel de voir ce genre de système dans les isekaï, prompt à vouloir rendre leur héros très puissant très vite, les œuvres de fantaisie plus classique commence également à l'adopter. 

Normalement simple outil au service du héros, Berserk of Gluttony prendra ici le contre-pied de ce système. En effet, dans ce monde, chacun né avec une capacité, une compétence qui impactera le reste de sa vie. Né avec une compétence liée au combat, tu deviendras un aventurier, soldat ou autre guerrier. Une compétence de fabrication ? L'artisanat est fait pour toi. Une qui te donne constamment fin, pas de problème. Tu deviendras ... bah, rien. Tu n'es qu'un déchet inutile de la société qui ne manquera jamais de te le rappeler. Félicitation, ta vie sera horrible.

Ce système est donc au service de la constitution de l'univers. Un univers fondamentalement inégalitaire avec toutes les dérives que l'on pourrait imaginé et qui ne sera jamais? tendre avec son héros : Fate Graphite 

Présentation : 

Fate, notre jeune héros (il n'a que 16ans) est donc un moins que rien. Sa compétence lui donne toujours faim, il est pauvre, il est faible. Bref, il n'a rien pour lui excepté un père aimant. Un père qui mourra lorsqu'il aura 12ans et qui poussera les villageois à enfin se débarrasser de cet être inutile. Livré à lui-même, c'est alors avec un espoir et des rêves plein la tête qu'il décidera de se rendre à la capitale pour commencer une nouvelle vie, bien meilleur que la précédente ... ou pas. Un minable reste un minable, qu'importe où il se trouve et Fate l'apprendra bien vite. 

Bref, c'est sur cet état de fait que le livre commence avec un Fate exploité, d'un côté, par une fratrie de chevalier sacré - le top du top des chevaliers - et fasciné, de l'autre, par leur belle collègue bien plus sympathique : Roxy Hart

C'est enfin à la suite d'une nuit fatidique où le garçon tuera un bandit tentant de s'introduire dans le château qu'il trouvera le salut. Une double salvation même. En effet, en tuant ce bandit, le jeune homme est, pour la première fois de sa vie, repu. Sa compétence s'est activé et a dévoré l'âme du malheureux, donnant à Fate toute la puissance et les compétences que cet homme avait acquit de son vivant. ENFIN ! Il peut échapper à cette faim constante. Mais ce n'est pas tout puisque Roxy, reconnaissante au jeune homme d'avoir arrêté le fuyard, lui proposera de l'embaucher comme serviteur. De mettre un terme à sa pauvreté, aux abus, à la misère.

Commence alors, pour de vrai cette fois, une nouvelle vie entre tâches domestiques - dans un environnement beaucoup plus saint que tout ce qu'il a connu - et chasse aux monstres nocturne pour apaiser sa Gluttony. Et dans cette tache, notre héros ne sera pas seul puisqu'il mettra la main, un peu par hasard, sur Gree. Une épée parlante qui semble en connaitre un rayon sur la compétence du garçon. 

Qu'est-ce que ça vaut ?

Globalement, c'est très sympathique. Si cela reste, pour le moment, de la fantaisie à la sauce japonaise RPG assez classique avec son concept de niveau, d'aventurier et un bestiaire déjà vu, l'univers décrit, foncièrement inégalitaire, gangrener par la corruption et la pauvreté est très intéressant à découvrir. 

S'il est encore assez restreint (l'action ne se déroulant qu'a deux grands endroits dans ce premier tome), il dispose néanmoins d'assez d'éléments originaux pour qu'on puisse s'attendre à un univers dense aux nombreuses possibilités. Affaire à suivre avec les prochains tomes.

De leur côté, les personnages sont assez attachants pour que l'on veuille les voir évoluer tout en ayant peur de ce qui arrivera dans le futur. Néanmoins, cela ne veut pas dire que leur construction est irréprochable. Par exemple, on nous fait comprendre que Fate à vécu une vie de misère et d'abus jusqu'à maintenant pour provoquer notre empathie envers le personnage mais, nous, lecteur, ne le voyons mener cette vie qu'une vingtaine de page avant que Roxy ne l'emmène. 

Il y aura bien des moments flash-back où nous serons compté ses déboires mais ce sera toujours moins impactant que si on l'avait vécu en direct, que si l'on avait souffert longuement et durement avec lui. C'est donc un peu dommage car nous ne pouvons alors que difficilement partagé la joie de sa nouvelle vie.

À l'inverse, le personnage de Roxy, lui, est plutôt bien campé. De chevaleresse bien sous tout rapport qui ne semble avoir comme soucis que la corruption grandissante parmi ses collègues, nous découvrons une jeune femme aux blessures et aux craintes profondes qui ne l'empêche cependant pas d'accomplir ses tâches sans faillir. Un parangon de vertu et de force intérieur donc, mais nuancé par un petit côté facétieux adorable qui rend le personnage attachant à souhait. Son seul point noir aurait pu être son étrange affection pour Fate, qui semble sortir de nulle part mais, heureusement, l'auteur règle cela rapidement d'une manière assez bien tournée. 

Enfin, le personnage de Greed et ce qu'il apporte au niveau des combats est peut-être ce qui m'a le plus déplut. Le personnage en lui-même est assez amusant de par sa manie de se la ramener continuellement et sa dynamique avec notre héros qui apporte un peu de légèreté dans un titre assez oppressant. 

Mais au-delà de sa personnalité, Greed reste une arme. Une arme beaucoup trop forte et omnipotente pour donner un réel enjeu aux combats. Surtout si on la combine à Gluttony. Capable de tout trancher comme dans du beurre et de sortir quelques attaques dévastatrices, les combats repose ainsi principalement sur lui au détriment des capacités propre du héros.


Mais quelles capacités ? Le personnage n'a aucune base de combat, de technique ou de stratégie. En conséquences, Fate aborde ses combats d'une manière assez simpliste à base de : Greed + statistique supérieur à l'ennemi via Gluttony = victoire. Gluttony permettant de faire sienne les statistiques de ses ennemis abattus, il lui suffit donc de massacrer assez de menu fretin avant de se fritter à plus imposant. Même s'il se retrouve parfois en situation précaire, ce n'est donc jamais vraiment sérieux et c'est un peu frustrant. Surtout que même les gros combat sont finalement assez vite régler. Ça manque un peu d'epicness tout ça. Par contre, le personnage est lui-même conscient de cet état de fait et j'ai donc bon espoir que l'on ait droit à quelque chose de plus élaborer à l'avenir. 


C'est donc plutôt du côté de l'histoire, dans son ensemble, que ce light-novel tire son épingle du jeu. Le rythme est assez rapide - chaque chapitre faisant entre 20 et 30 pages - mais prend tout de même le temps de poser son univers et ses personnages. Les enjeux ne sont pas non plus ce qui manque, que ce soit au niveau personnel ou du pays, que ce soit à court ou long terme. Ça promet de belles choses.

Aussi, nous pouvons distinguer deux niveaux d'histoire : celle de l'univers dans lequel évolue nos personnages - intéressante mais encore trop peu centrale pour se permettre un avis plus construit - et celle de Fate lui-même.

Une histoire qui va s'articuler autour du concept de double salvation et d'incompatibilité pour notre héros. Si la compréhension de sa compétence lui à permit d'apaiser sa constante faim, son véritable bonheur se trouve auprès de Roxy, celle qui l'a recueilli. Or, Mlle la gluttony est, comme son nom l'indique, vorace. En quête de toujours plus d'âme pour être rassasié, et de première qualité s'il vous plait. Risquant de rendre Fate fou, elle est profondément incompatible avec une vie simple auprès de celle qui fait son bonheur. Pire, elle pourrait le forcer à blesser sa bien aimée maitresse. C'est vraiment cette dualité constante entre envie et besoin, cette lutte pour rester sain d'esprit, qui fait le sel du récit. 

Alors ? On lit ou pas ?

Eh bien, déjà, c'est un light-novel et je ne peux que vous encourager à l'acheter pour soutenir ces éditeurs prenant le risque de les faire venir en France. 

Sur un plan plus particulier, Berserk of Gluttony est une œuvre, pour l'instant, sympathique. Ça ce lit vite, c'est distrayant et les quelques défauts que j'ai pu lui trouver ne rende pas la lecture moins prenante qu'elle pourrait l'être. Mieux encore, on sent que l'auteur est conscient des quelques faiblesses de ce tome 1 et compte les corriger par la suite 

Pour moi, ce sera donc un bon oui. Je le conseille autant pour les amateurs confirmés de light-novel que pour les néophytes, encore étranger à ce genre de romans. Peut-être même plus encore au vu de ces chapitres très court qui donne envie d'embrayer directement sur la suite. Bref, allez-y.