Les lames du Cardinal (Intégrale) : Du fantastique à la française!!

Habitué de la fantaisie et des récits au cadre historique marqué, cela faisait pourtant longtemps que je ne m'étais pas plonger dans un pur roman de cape et d'épée. Pur ? Pas vraiment. Dans Les Lames du Cardinal nous nous retrouvons dans le Paris de 1633. Louis 13 est au pouvoir, se languissant d'avoir enfin un héritier tandis que Le Cardinal de Richelieu dirige la politique du pays ... et tente de mettre en échec les dragons, ourdissant la chute du royaume. Et pour ça, qui de mieux que les Lames, une troupe d'élite aux compétences éprouvées et à la loyauté inflexible. 

C'est avec ce pitch à la fois improbable et intriguant que l'auteur, Pierre Pevel, nous fait plonger dans les remous de notre histoire à la sauce fantastique à travers trois livres - réunis en une intégrale - pour un peu moins de 800 pages de complots de combats, d'intrigue et de camaraderie.

Démantelé suite au siège de La Rochelle, un désastre dont aucune des Lames ne sortira indemne, celles-ci seront finalement rappelée, 5 ans plus tard, par le Cardinal. Pas d'excuse ni de contrition, un seul ordre : protéger la France contre la Griffe Noir, une organisation draconique secrète ayant pour but la chute des royaumes d'Europe pour établir un grand empire régit par les dragons. La tâche est rude. La reconnaissance ? Inexistante. Les dangers ? Incommensurable. Et pourtant, les Lames répondront à l'appel. 

Mais d'ailleurs, qui sont-elles, ces Lames ? Au nombre de sept, dire qu'elles forment un groupe hétéroclite serait presque un euphémisme. Entre des gentilshommes de guerre, robuste, digne et fier, un coureur de jupon invétéré aux mots toujours bien sentit, un taiseux maitre d'arme espagnol, une ombre plus qu'un homme et une baronne au sacré caractère accompagné de son rugueux protecteur, les Lames forment un groupe de joyeux? lurons. 

Tous sont très différents et ont un caractère bien trempé. Une fois passé les premières pages, nous les présentant un à un, c'est avec facilité qu'ils se glissent dans notre esprit, dans notre cœur. Ils sont avenants, font preuve d'un panache et d'une élégance qui ne saurait laisser de marbre. Leurs aspirations, leurs peurs et leurs blessures passée les rendent de surcroit très humains, très attachants. Dès lors qu'il apprend à les connaitre suffisamment, le lecteur sait qu'il va rire, angoissé, pleurer avec eux. 

Mais si ses héros sont si bon, le récit dans lequel ils évoluent et les antagonistes qu'ils vont devoir affronter ne doivent pas être en reste. Et que dire de ces éléments si ce n'est qu'ils sont une franche réussite. 

Introduire des créatures aussi puissante que les dragons que l'on s'imagine aurait pu être casse-gueule. Heuresement, l'auteur s'en sort habilement. Plusieurs types de reptile sont ainsi créé : les dragonnets, petits reptiles très populaire comme animaux de compagnie - même Richelieu en à un -, les wyvernes, servant de destrier céleste, les dracs, des guerriers créé par les anciens dragons - déjà disparut au moment du récit - pour les servir mais qui ont depuis gagné leur indépendance et enfin les descendants de ces anciens dragons. 

Ayant prit forme humaine pour mieux se fondre dans la société - ce qui ne sera pas sans rappeler les Manaketes de la saga de jeux-vidéo Fire Emblem -, ces derniers peuvent utiliser la magie draconique et encore prendre une forme, totale ou partiel. de dragon. Réunit au sein de la Griffe Noir, ils essayent sans cesse de s'introduire dans les différentes cours d'Europe pour les manipuler dans l'ombre et accomplir leur grand dessein : créer un pays où ils seront les maitres. À la fois mystérieux, dangereux et fascinant, ces antagonistes ont l'art de créer des complots à la complexité effarante qui sauront, plus d'une fois, mettre à mal nos héros. 

Ne reste alors plus qu'à donner un décor à cette guerre qui ne dit pas son nom, et pas des moindres : Paris. Un Paris tout à la fois charmant de par ses nobles demeure, ses petits petites rues, mais également nauséabond, putride et infâme. Le danger peut surgir de n'importe où, les rues sont crottée, l'extrême richesse côtoie la pauvreté la plus crasse. Mais Paris n'est pas juste un lieu, c'est une vie. C'est au gré des pérégrinations des Lames que nous visiterons des rues grouillante de monde, des bouges crasseux et de luxueux palais. Ces derniers, surtout, seront l'occasion de découvrir les grandes ficelles qui font bouger nos protagonistes, de simples pions dans des intrigues qui les dépassent. 

Le tout, l'assemblage astucieux de tous ces éléments et la verve de l'auteur, rend le récit palpitant. Au côté des personnages, nous sommes entrainés dans un dédale d'intrigues aussi diverses que passionnantes, aussi dangereuse qu'astucieuse. Durant chacun des trois récits, l'auteur nous balade sans jamais nous perdre et, lorsque le dénouement approche, que tout nous est révélé, que tout se lie, il ne reste plus qu'à se laisser emporter, à apprécier et à savourer. 

Alors ? On lit ou pas ?

Cette trilogie des Lames du Cardinal aura su faire battre mon cœur de bien des manières. La construction du récit, des intrigues et des personnages est mené de main de maître. Les connaissance et recherche de l'auteur sur l'époque font des merveilles et permettent une belle immersion. Le Paris de l'époque, notamment, est saisissante de réalisme si bien qu'on pardonne aisément les descriptions parfois un peu trop détaillé de cette dernière qui à tendance à nous perdre. De ce côté, le plan de l'époque fournit en début de livre est salvateur. 

Un autre petit point noir personnel serait le dénouement de chaque intrigue qui va un peu trop vite à mon goût. La longue construction de chacune d'entre elle est un plaisir à suivre mais le fait que, une fois tous les pions en place, celles-ci se terminent en 10/15 pages à peine me chagrine. C'est surtout le cas pour la dernière où j'aurais aimé un combat finale un peu plus long et, surtout, un épilogue assez consistant pour prendre le temps de dire au revoir à ses personnages que j'ai tant aimés. 

En parlant de personnage d'ailleurs, j'en profite pour avouer tout l'amour que je ressens pour St-Lucq. Un personnage sans pitié, voir cruel, mais d'une extrême loyauté, à la France et au Cardinal, bien évidement, mais aussi envers ses compagnons. Sa prestance, ses apparitions brutale et les rares sourires en coins qu'ils affichent parfois me l'on rendu extrêmement sympathique. 

À cela s'ajoute enfin des scènes de combats, que ce soit de grand affrontement sur plusieurs fronts ou de pures duels à l'épée,  très dynamique et facile à suivre. Le ressenti des personnages lors de ces phases est bien restitué et les techniques de chaque combattant sont finement retranscrite. Toujours un très bon moment pour le lecteur ... moins, pour les personnages qui le subissent.

Bref, une fois dedans, difficile de décrocher. La qualité d'écriture à elle seul est un argument suffisant pour se lancer et, si vous êtes toujours réticent, sachez au moins que l'œuvre a remportée plusieurs prix. Si vous être fan de récit historique, de fantastique et de complots en tout genre alors Les lames du Cardinal sont un indispensable à votre bibliothèque. Et sinon, elle est une bonne porte d'entré au genre du cape et d'épée. Vous ne serez pas déçu.