The Ancient Magus Bride, Psaume 108, le bleu du magicien Tome 1 à 3

Écrite par Kore Yamazaki, The Ancient Magus Bride est devenue un des parangons du manga fantastique contemporain et a su remettre au goût du jour les relations romantiques et amicales entre humains et non-humains. Parmi ces nombreux spin-off rattaché à la licence, "Le bleu du magicien", écrit par Isuo Tsukumo et dessiné par Makoto Sanda fut le premier à être publié en France. 

Nous y suivons donc Ao (bleu en japonais), un jeune homme, orphelin japonais élevé dans une sorte de ville souterraine caché dans les catacombes de Paris et géré par une communauté de magicien. Mis à l'écart, cela ne l'empêche pas lui-même d'avoir quelques prédispositions pour la magie via la peinture, art qu'il exerce avec brio tant qu'il n'utilise pas une certaine couleur. Ce sera d'ailleurs grâce à ce talent qu'il rencontrera la femme qui changera sa vie : Gisèle, sorcière à l'apparence monstrueuse. En quête d'un époux, le garçon se révèlera un parfait prétendant auquel elle ne tardera pas à mettre la bague au doigt. Commence alors pour Ao une vie bien particulière entre découverte du monde, vie maritale et intrigue magique.*

Excepté le changement de genre, ce Psaume 108 ne semble donc, au premier abord, pas très différent de la série principale : de jeunes orphelins livrés à eux-mêmes sans grands espoirs pour l'avenir, des sorciers décidant de les prendre, sur un coup de tête, comme disciple et époux(se), la découverte progressive de la magie et des personnes qui y sont lié, etc. 

Cependant, Le Bleu du Magicien est loin d'être une simple redite de l'œuvre d'origine. 

D'abord par ces personnages. Si les bases sont les mêmes, Gisèle et Ao sont très différent d'Elias et Chisé. Bien qu'ignoré, isolé au sein de l'orphelinat, le jeune homme déborde pourtant de vie et de passion. Son amour pour son art, pour la peinture, l'a sans cesse poussé à s'accrocher, à se relever, à vivre. Courageux et déterminé, il ne lui suffit plus qu'un environnement favorable pour que ce jeune homme puisse pleinement déployer ses ailes. Et cela, c'est Gisèle qui lui donnera. 

Gisèle, justement, quel charisme! Ayant l'apparence d'une femme dragon, la jeune? femme de quelques centaines/milliers d'années est éminemment moderne. À la fois sérieuse et espiègle, cette sympathique demoiselle porte cependant en elle un lourd fardeau. Véritable reine et pierre angulaire de la communauté magique de Paris, son rôle et sa nature lui valent l'admiration et la crainte de tous. Pour parachever son tableau à la fois mystérieux et magnifique vient s'ajouter un étrange souhait : sa propre mort. 

C'est alors au travers des épreuves et conspirations qu'ils auront à affronter que la relation de Gisèle et Ao évoluera. Plus les événements voudront les séparer, plus l'attirance qu'ils ressentiront l'un pour l'autre grandira. Le respect, la bienveillance et l'affection grandissante qu'ils se portent sont très touchant et rendent ce jeune couple très attachant 

En couple depuis 1 semaine et déjà tellement proche

Tout une tripotée d'autre personnage secondaire seront, bien évidement, aussi de la partie mais c'est, selon moi, un des points faible de la série. La plupart, en effet, ne bénéficie pas du même soin apporté aux personnages principaux. 

Leur traitement, autant du point de vue de leur personnalité que de leurs problèmes et la résolution de ceux-ci sont trop superficiel, trop rapide pour être vraiment impactant. Il est alors difficile de véritablement s'attacher à eux et la sensation qu'ils ne sont que des prétextes à  la création d'alliés pour les protagonistes devient très présente. C'est vraiment dommage car ce qui nous est esquissé était très prometteur. On a envie de s'impliquer mais on nous ne le permet pas.

Autre différence évidente avec la série d'origine : le cadre. Si Kore Yamazaki ancre son récit dans l'univers champêtre de la campagne anglaise, Tsukumo nous emmènes dans l'une des plus grande ville du monde : Paris. 

Cocorico donc, c'est dans notre beau pays que l'action se passe. Un fait qui m'aura fait craindre une énième caricature de notre pays à base de fringuant jeunes hommes un peu dragueur, de demoiselles à la pointe de la mode et d'une ambiance générale digne du 18ème siècle. 

Heureusement, l'auteur aura su, au moins en partie, évité tous ces clichés éculés que je déteste au plus au point. Dans ce psaume 108, Paris est cosmopolite et cela se ressent. Les communautés de magicien, notamment, sont divisé en trois factions : l'ordre des chevaliers représentant la France "traditionnelle" blanche, les quatre emblèmes avec la communauté chinoise (et pas l'ensemble de la communauté asiatique, c'est important) et les archives Ouijat rassemblant la communauté musulmane. Je trouve personnellement cette idée assez bonne au sens où ça représente bien la diversité du pays mais, en même temps, je ne peux m'empêcher de me dire que ça fait très séparatisme et évitement de la mixité. Après, c'est écrit par un japonais qui ne vit pas ces questions donc c'est tout à fait compréhensible.

Mais surtout, ce que ces communautés permettent, ce sont les guerres d'influences à l'intérieur et entre ces factions. C'est là une des grandes forces de l'œuvre : on nous immerge pleinement dans la communauté magique de la ville et ces remous. Entre vieilles rancœurs au sein d'une même communauté, discriminations et abandons de la part de celles-ci, guerres d'influences pour mettre Gisèle sous sa coupe et ainsi obtenir plus de puissance et organisation de l'ombre qui compte bien en tiré parti, la ville se révèle grouillante de vie, d'entrelacement et de conséquences. Ce qui se passe hors champs et les décisions dont nous ne sommes même pas au courant influx sur l'histoire et offre ainsi des retournements de situations bien plaisant. 

Niveau dessin, le style est très différent de Yamazaki mais ne manque pas d'esthétisme. Les personnages sont beaux et diversifiés comme ils devraient l'être. Néanmoins, les fonds sont souvent peu inspiré et l'utilisation des trames, abusives. Les scènes de combat, enfin, ne sont pas ultra lisible, sont souvent brouillonnes. 

Alors ? On lit ou pas ? 

Que vous soyez déjà fan de The Ancient Magus Bride ou un nouveau venu dans cet univers, Le bleu du magicien se révèlera être une lecture, à tout le moins, fort agréable. Les personnages y sont attachant, la relation principale est bien traité et évite les errements dans lesquels elle aurait pu tomber. La trame principale, elle, avance à un bon rythme et est assez plaisante à suivre. S'il y a quelques points négatifs, ceux-ci ne sont pas assez importants pour être rebuttant. 

Enfin, l'univers de The Ancient Magus Bride est toujours aussi accrocheur et c'est un véritable plaisir de le voir s'étendre et s'étoffer  devant nos yeux. J'aimerai bien en voir encore un peu plus, que le fonctionnement de la magie de chacun soit plus approfondie mais, à ce niveau, c'est du chipotage. 

En bref, si vous aimer les univers fantastique bien construit, aller lire ce Psaume 108. Vous ne le regretterez pas.