Le Secret de Madoka : Réflexion bienveillante sur l'expression du genre

Lorsqu'on parle de diversité dans le manga, nous pensons bien évidemment aux différentes catégories de récits qui nous sont proposés : shonen, shojo, etc. Mais il n'y a pas que ça dans le manga. Il est un medium bien plus riche et profond que ce que les grands blockbuster veulent bien nous montrer.

Ainsi, parmi les artisans de l'édition, ce sont bien les éditions Akata qui ont su devenir nos fournisseurs d'histoires originales, touchantes ou un peu folle mais toujours vecteur de messages forts et pertinents. 

Continuant dans cette voie, c'est cette fois-ci un nouveau One-Shot "Le Secret de Madoka" qu'ils nous livrent, une œuvre dont la bienveillance n'a d'égal que l'absolue mignonnerie de son personnage principal : Madoka.

Madoka (le personnage portant une bien jolie jupe) est donc mignon. Oui, mignon. Car Madoka est un petit garçon, pas une jeune fille. Et inversement, à ses côtés se tient Itsuki, petite demoiselle au caractère bien trempée qui ne se reconnait pas vraiment dans les tenues et activités considérées comme adéquate pour une fille. 

L'auteur nous invite alors dans le quotidien de deux enfants et de leur famille. D'un côté, Madoka, garçonnet aimant tout ce qui est mignon : peluche, animaux et, bien-sûr, habits. Une attirance assumé, conforté par ses parents mais surtout par sa sœur pour qui il joue bien volontiers les mannequins en portant ses nouvelles créations, typés masculines ou féminines, confectionnés avec le plus grand soin. Il n'y a alors rien à redire. Madoka en robe est absolument A-DO-RA-BLE. Il le sait, sa sœur le sait, nous le savons. Tout le monde le sait, tout le monde aime le voir comme ça, lui inclut.  

De l'autre, Itsuki est une demoiselle au fort caractère, bagarreuse, aimant jouer au foot et s'habiller à la garçonne. Mais attention, pas de manière hasardeuse. Le look ça se travaille et si elle ne porte pas de jolies robes, ça ne veut pas dire qu'elle ne sait pas se mettre en valeur, loin de là. Elle a son style et il est travaillé. 

Néanmoins, si leurs familles ne voient absolument aucuns problèmes dans les goûts de ces enfants, ce n'est pas forcément le cas des gamins de leur âge. Un âge où, justement, l'expression de genre est très forte. Les garçons jouent au foot tandis que les filles portent de mignonnes babioles. Prompt à juger et à écarter ce qui dépasse des représentations qu'ils sont en train de se construire, ces jeunes pousses peuvent se montrer bien cruelles, surtout lorsqu'un peu de jalousie vient se rajouter au tout. 

Si nos deux héros en ont chacun déjà fait les frais, leur réaction aura pourtant été très différente. Tandis que Madoka profite d'un déménagement pour tenter de se donner une image plus normale en classe, sa nouvelle voisine n'en a très clairement rien à faire si bien que le garçon prend Itsuki pour un camarade et loue sa virilité ... Pas la meilleure des premières impressions, hein ? Surtout lorsque cette dernière ne remet, à l'instar de Madoka, absolument pas en question son genre, juste les restrictions qui lui sont imposées par la société. 

Nulles craintes à avoir cependant. Bien vite, ces deux personnalités diamétralement opposées se réconcilieront pour commencer une belle histoire d'amitié, sans a priori, dans une acceptation de soi comme de l'autre qui fait chaud au cœur. Une relation mutuellement bénéfique qui les fera tout deux évoluer, prendre conscience de certaines choses - bien aidée par leurs familles - et grâce à laquelle ils réussiront à surmonter les obstacles de sorte que jamais ils ne viennent assombrir l'œuvre.

Alors ? On lit ou pas ?

Le secret de Madoka fut une lecture aussi plaisante qu'elle fut bienveillante. Abordant son sujet de manière naturelle, l'œuvre n'en est jamais lourde ni moralisatrice, préférant faire appel à l'ouverture d'esprit de ses protagonistes pour transmettre son message, pour toucher le lecteur.

Le trait fin et maitrisé de Deme Kingyobachi permet à ses personnages d'être aussi mignon qu'attachant en leur offrant un chara-design ravissant doublé d'une grande palette d'expression. La garde-robe n'est évidemment pas en reste. Divers, jolis et adaptés aux goûts de chacun des protagonistes, chacun des habits qu'ils portent viennent mettre en valeur leur adorable frimousse pour notre plus grand plaisir. 

Enfin, si l'utilisation des trames se fait sentir dans les arrière-plans, elle n'est jamais désagréable et est suffisamment contrebalancée par les décors, bien présent lorsqu'il le faut pour un rendu adorable, comme le reste du récit.

Bref, le manga se classe au rang de ces lectures feel-good, ces lectures qui nous font du bien tout en faisant réfléchir et qui peuvent être donné à tous, enfants comme adultes. Assurément une œuvre de choix pour sa bibliothèque.