Danmachi, la légende des familias tome 9 (Lignt-Novel)

Danmachi n'en finit plus de régaler les lecteurs à chaque nouveau tome. Avec celui-ci, Fujino Omori commence l'arc narratif le plus long de la série principale, un arc qui changera Bell et la ville d'Orario en profondeur. En effet, notre jeune aventurier n'est plus le cambrousard naïf de ses débuts. En s'élevant, Bell s'entoure de plus en plus de personnes, attire l'attention de beaucoup, devient un héros. Mais que se passerait-t-il si le celui-ci se prenait d'affection pour le plus grand ennemi de l'humanité ? Ses aventures se termineront t'elle pas sa déchéance, reniera t'il ses principes ou bien choisira-t-il une troisième voie ?

Malgré son statut d'amorce d'arc, le récit se révèle déjà bourré d'action, de révélation et de rebondissement. Dès la scène d'introduction, nous sommes donc plongé au côté de Wyne, un monstre né des parois du donjon. Jusque-là, rien d'anormal. Sauf que ce nouveau-né, en plus d'être pourchassé par les aventuriers, l'est également par ses congénères, les montres du donjon. Doté d'un intellect avancé, d'un corps se rapprochant très fortement de celle d'une enfant, la jeune vouivre fuit, encore et encore, apeuré, jusqu'à ce qu'enfin un héros aux cheveux blanc se montre. 

Couverture Danmachi tome 9 / Ofelbe

Nous nous attendons alors à ce que Bell, qui jusqu'à maintenant à sauver la veuve et l'orphelin sans trop se poser de question et en découvrant une monstrueuse jeune fille, décide tout de suite l'aider. Il n'en est cependant rien. 

Des milliers d'années de tueries incessantes opposant monstres et humains ont depuis longtemps normalisé la peur et une haine instinctive envers ces créatures cauchemardesque. Bell ne fait pas exception, il est un pur produit de son monde. Au fond de lui se cache un dégout instinctif pour ces monstres. Les tuer est normal, il n'y à aucunes raisons de penser autrement. Alors quand devant lui sanglote cette jeune fille monstrueuse, ce n'est pas l'envi de la protéger qui émerge, mais la confusion la plus totale. Une confusion tel que notre héros décidera de la laisser en plan, faisant semblant de n'avoir rien vu.

Si lui et ses camarades, après une confrontation assez houleuse, décideront finalement de la sauver, reconnaissant en elle une part d'humanité, il faudra néanmoins du temps avant qu'elle ne soit plus, à leurs yeux, une monstrueuse irrégularité. 

La simple découverte de Wyne, un monstre doté d'humanité devient, dans ce volume, le catalyseur d'une entière remise en question tant de l'univers que nous avons cru connaitre que des personnages. Avec cette remise en question, c'est tout une facette d'Orario, de ses secrets et ces manigances qui vient se dévoiler, partiellement, à nous. 

En miroir, les enjeux présenté par l'auteur s'élève alors à un tout autre niveau. Alors que d'un côté, cette situation aurait la capacité de bouleverser toutes les bases de la société tel que nous la connaissons, d'autres pourraient bien tirer profit de leur existence pour s'enrichir. Dans l'ombre, des puissances remontant jusqu'aux plus hautes instances de la ville et ayant connaissance de leur existence s'agite et se combatte. 

Bell et ses compagnons sont loin d'être aux commandes dans cette partie d'échec dans laquelle ils ne sont que des pions. Ignorant et manipulé, il leur sera alors immensément difficile de se sortir de cette situation sans être anéantie au passage. Un faux pas pourrait mener à leur ruine. Des décisions devront être faites, et toutes ne seront pas heureuse.

Wyne, aussi adorable que monstrueuse / Scène tirée de l'anime

Alternant habilement entre des passages très joyeux porté par la candeur absolument charmante de Wyne et d'autre plus sérieux, l'auteur arrive à garder un rythme aussi dynamique et efficace que d'habitude grâce une plume maitrisée et ses multiples narrateurs. Les scènes d'enquête, de révélation et de suspens se suive à un rythme agréable qui, sans aller trop vite ni trop lentement permettent de bien poser l'ambiance, le contexte ainsi que les enjeux du récit sans nous laisser le temps de s'ennuyer. On appréciera d'ailleurs qu'aucune des ficelles utilisés ne sorte pas de nulle part. Tout avait déjà été introduit dans les précédents volumes, de façon plus ou moins caché. De véritables petits bonbons pour les lecteurs assidus.

Bien sûr, nous sommes dans Danmachi, les scènes de combats sont également au rendez-vous. Mention spéciale pour la décente jusqu'au 21ème sous-sol, à la fois trépidante et oppressante. Tous les personnages ont leur utilité, personne n'est laissé de côté, même les plus faibles. Comme lors du tome 5, la tension est donc palpable tant pour les personnages que pour le lecteur. Les dangers auxquels ils font face sont bien réels, les blessures potentielles, grave. La mort les attend à chaque tournant de ce tortueux labyrinthe. Facilement la meilleure scène de l'ouvrage (et qui pourtant n'a pas été montré en animé. Tristesse).

Après papa Bell, maman Haruhime ?

Le tout est porté par des personnages toujours aussi attachant et bien construit. Leur acceptation de Wyne se fait progressivement, surtout pour lili, déchiré entre logique froide et attachement grandissant envers la jeune fille. Cela rend la chose assez réaliste.  Parmi les nouveaux personnages, et il y en a beaucoup, Wyne se démarque vraiment par son côté "enfant que l'on doit protéger". Pure, attendrissante, un peu naïve, on ne peut qu'avoir de la tendresse pour elle et son histoire. 

Alors ? C'était bien ou pas ? 

Depuis le tome 5, Danmachi est passé à un autre niveau. Les volumes sont denses, l'histoire continue de monter en enjeu et la manière dont elle nous est raconté ne souffre d'aucun temps mort. 

Encore une fois donc, c'est une très bonne copie que nous délivre Fujino Omori. Les pages se tournent avec une rapidité folle tant le récit est bien mené et, la lecture, fluide. On saluera donc le beau travail des traducteurs. 

Bref, difficile de ne pas se jeter sur le tome suivant pour poursuivre les aventures, loin d'être fini, de Wyne et Bell.

Critique des tomes précédents → Tome 10 : ici / Tome 11 : ici / Tome 12 : ici